Depuis plus de dix ans, le Parc naturel Pfyn-Finges, en Valais, pratique le pacage extensif des steppes rocheuses intraalpines de Loèche. Ces surfaces traversées par les gorges du Feschelbach, composées pour partie de prairies et pâturages secs (PPS) protégés, ont une valeur faunistique et floristique remarquable. En 2020, le parc a reçu pour tâche de recourir au pacage afin de débroussailler certaines surfaces ouvertes de la réserve forestière spéciale du Bois de Finges et de favoriser le maintien d’une forêt claire. Au niveau tant de leur coordination que de leur surveillance et de leur accompagnement, ces deux projets ont pour objectif premier la préservation et la valorisation d’un paysage naturel et culturel à la richesse unique, et reposent sur une collaboration constante avec des partenaires et des exploitants locaux. Les expériences et contacts recueillis seront compilés dans un recueil de bonnes pratiques.
Le Parc naturel Pfyn-Finges poursuit des objectifs clairs: conserver et entretenir les paysages culturels et naturels de valeur, et sensibiliser la population locale et les touristes aux particularités écologiques, culturelles, historiques et économiques de la région afin de favoriser un développement respectueux des générations futures. En reconnaissance de ce rôle, les douze communes membres du parc, situées entre Sierre et Gampel, ont été élevées en 2013 au rang de Parc naturel régional d’importance nationale. À travers le bureau du Parc naturel Pfyn-Finges, elles disposent de l’instrument idéal pour mener sur le long terme des projets durables. Conception et organisation des projets d’entretien par pacage. Le bureau du parc coordonne et accompagne actuellement deux projets d’entretien par pacage: l’un dans les steppes rocheuses intra-alpines autour des gorges du Feschelbach, l’autre dans la réserve forestière spéciale du bois de Finges, au niveau du cône de déjection de l’Illgraben (fig. 2). Les premières années, il s’est tout d’abord avéré nécessaire de trouver des solutions durables aux conflits opposant les différents utilisateurs du paysage, afin de permettre la mise en oeuvre des objectifs de conservation de la diversité des surfaces et de promotion de la biodiversité. Il a ainsi fallu coordonner l’utilisation avec les exploitants, les chasseurs, les entreprises forestières, les propriétaires fonciers et les sociétés canines, puis intégrer les besoins des animaux de rente dans le concept de pacage et instaurer un contrôle des objectifs de surface. Sur les deux projets, le parc travaille avec des personnes et des institutions de la région et recourt à une diversité d’espèces animales (ovins et caprins, vaches Galloway, ânes, poneys; fig. 3). Chaque race ayant ses avantages et ses inconvénients, les surfaces pâturées sont redéfinies puis réattribuées tous les ans afin d’optimiser la réalisation des objectifs de pacage. Un premier contrôle des surfaces intervient avant la mise en pâture. L’état de chaque enclos est enregistré annuellement grâce à des photographies prises en ment idéal pour mener sur le long terme des projets durables.
Conception et organisation des projets d’entretien par pacage
Le bureau du parc coordonne et accompagne actuellement deux projets d’entretien par pacage: l’un dans les steppes rocheuses intra-alpines autour des gorges du Feschelbach, l’autre dans la réserve forestière spéciale du Bois de Finges, au niveau du cône de déjection de l’Illgraben (fig. 2).
Les premières années, il s’est tout d’abord avéré nécessaire de trouver des solutions durables aux conflits opposant les différents utilisateurs du paysage, afin de permettre la mise en oeuvre des objectifs de conservation de la diversité des surfaces et de promotion de la biodiversité. Il a ainsi fallu coordonner l’utilisation avec les exploitants, les chasseurs, les entreprises forestières, les propriétaires fonciers et les sociétés canines, puis intégrer les besoins des animaux de rente dans le concept de pacage et instaurer un contrôle des objectifs de surface.
Sur les deux projets, le parc travaille avec des personnes et des institutions de la région et recourt à une diversité d’espèces animales (ovins et caprins, vaches Galloway, ânes, poneys; fig. 3). Chaque race ayant ses avantages et ses inconvénients, les surfaces pâturées sont redéfinies puis réattribuées tous les ans afin d’optimiser la réalisation des objectifs de pacage.
Un premier contrôle des surfaces intervient avant la mise en pâture. L’état de chaque enclos est enregistré annuellement grâce à des photographies prises en des points définis. Durant la période de pacage, des visites de terrain sont l’occasion d’apprécier la progression du débroussaillage.
Elles donnent lieu à un accompagnement et une coordination axés sur les objectifs, au cours d’échanges constants entre le personnel du parc et les exploitants. Bien que les deux projets poursuivent le même objectif de maintien d’un paysage ouvert, ils rencontrent chacun des difficultés spécifiques. Dans le bois de Finges exposé au nord, dans l’ombre de l’Illhorn, la croissance annuelle de la végétation est bien plus rapide que sur les steppes rocheuses, orientées au sud. Grâce au soutien financier accordé par la Station ornithologique suisse dans le cadre de son dernier projet d’ampleur «Un nouvel essor pour l’avifaune», le parc a déjà doté une partie des enclos de piquets fixes en bois local, qui facilitent la pose des clôtures.
L’expérience montre que la réalisation des objectifs est optimale quand l’ajustement continu des paramètres de pacage (durée et pression de pacage, race employée) est complété par un entretien manuel des surfaces. La fréquence de ce dernier dépend du milieu et de la durée du projet de pacage. Les terrains où la repousse est rapide ont besoin d’un débroussaillage manuel régulier (fig. 4), tandis que dans les zones de végétation à croissance lente comme les steppes rocheuses, il est possible d’espacer beaucoup plus ce type d’interventions. Les travaux et observations réalisés sont systématiquement consignés.
Surveillance
La Station ornithologique suisse soutient le suivi technique des projets depuis les premiers essais de pacage. En 2023, elle effectuera un nouveau comptage des oiseaux nicheurs des steppes rocheuses, dans l’espoir qu’une comparaison avec les effectifs de 2013 et 2015 révèle un effet positif sur l’alouette lulu et d’autres espèces prioritaires. Dans la réserve spéciale du bois de Finges, un état des lieux a été dressé en 2008, avant les premières interventions de promotion de la biodiversité, pour servir de point de repère aux évaluations qualitatives et quantitatives futures. Des cartographies de la végétation et un suivi des sauterelles et des papillons ont été à nouveau réalisés en 2021 selon la méthode prescrite, mais l’absence de points de relevé/transects sur les surfaces de pacage ne permet pas de commenter l’évolution. Pour remédier au problème, le service cantonal étudiera la possibilité d’une modification des lieux de relevé.
Recueil de bonnes pratiques
Le recueil de bonnes pratiques vise à compiler les enseignements des deux projets dans le but de pérenniser et diffuser le savoir acquis. Il marquera le point de départ d’une démarche semblables pour d’autres expériences de pacage que le parc pourra mettre à profit afin d’améliorer ses propres projets. Dans cette optique, un échange sera organisé entre spécialistes. Lors d’une «journée pâtures ouvertes», concept imaginé en Allemagne par des bergers désireux de mieux sensibiliser le public à leur travail, le public pourra découvrir la précieuse contribution de l’entretien par pacage pour la biodiversité. Cette initiative complètera avec pertinence les mesures d’information et de sensibilisation existantes à destination de la population locale et des touristes, notamment dans le bois de Finges, aire de détente de proximité hautement fréquentée.
Financement
Les projets n’étant pas implantés en zone agricole, ils ne peuvent bénéficier des subventions au pacage du Service cantonal de l’agriculture. La conservation de ces surfaces à l’intérêt écologique unique est donc tributaire d’autres bailleurs de fonds: il s’agit actuellement de la Confédération, du Canton du Valais, de la Station ornithologique suisse et du Fonds d’utilité publique du Canton de Zurich.
Cet article est paru dans N+L Inside 3/22.